Après l’infobésité, l’infophobie ? Selon une étude menée par le Reuters Institute et l’Université d’Oxford, 32% des participants (britanniques et américains) déclarent avoir pris l’habitude d’éviter les informations (versus 29% en 2017). Car celles-ci impacteraient négativement leur moral et leur donneraient une sensation d’impuissance face aux événements. Une hausse expliquée en partie par certains facteurs conjoncturels, à l’instar d’un Brexit ayant particulièrement éprouvé la population avec un matraquage médiatique pesant. C’est d’ailleurs au Royaume-Uni que le taux de confiance dans l’information a le plus diminué, glissant de 51 à 40% par rapport à 2017… Mais loin de se cantonner au Royaume-Uni, la confiance envers les médias a perdu deux points à l’échelon mondial, témoignant d’un mal plus profond.
What’s New In Publishing liste l’évidence, dans cet article, pour enrayer cette baisse de confiance : améliorer la qualité du journalisme, assurer de meilleures relations avec sa communauté et enfin garantir la transparence de l’information. Et donc ?
Renforcer la qualité du journalisme
Pour What’s New In Publishing, l’une des difficultés du journalisme réside dans le fait qu’il ne répond que partiellement aux attentes des lecteurs. Pour preuve, selon le dernier rapport du Reuters Institute, seule une personne sur deux déclare mieux comprendre l’actualité grâce aux médias. Et moins de la moitié pense que le journalisme assure son rôle de quatrième pouvoir. Ainsi, les lecteurs ne se contentent pas de suivre l’actualité en temps réel, mais chercheraient surtout à mieux comprendre le monde via l’information. Un constat justifiant la popularité croissante du “slow journalism” où des médias prennent le temps d’analyser les sujets en profondeur. Certains font figure de références comme Tortoise ou Delayed Gratification. Le constat de ce succès ? Les lecteurs ne seraient donc pas lassés du contenu mais plutôt du manque de professionnalisme autour de celui-ci avec des analyses parfois incomplètes et peu rigoureuses…
Assurer de meilleures relations avec sa communauté
La construction d’une communauté de lecteurs en ligne doit être l’une des priorités des rédactions, quitte à y investir du temps et des ressources. Amener les lecteurs à répondre, partager les nouvelles ou donner leur avis sur celles-ci fait des merveilles sur l’image de l’éditeur ou sur le volume d’audience. Cela permet également d’obtenir de précieux retours sur la stratégie éditoriale ou la pertinence des nouveautés mises en place sur le site (rubrique, design…). Enfin, elle permet de fidéliser ses lecteurs et abonnés, stratégie encore plus efficace que de chercher à en acquérir de nouveaux.
Bien sûr, la tâche est plus facile pour les éditeurs spécialisés, qui réunissent des lecteurs partageant une passion commune. Mais les sites d’information traditionnels, généralistes, peuvent également y parvenir en construisant une stratégie solide et en faisant preuve d’astuces. Le journal local américain Cape Cod Times a par exemple mis au point un nouvel outil permettant aux lecteurs de suggérer des thèmes d’articles ou d’enquêtes aux journalistes, pour engager davantage leurs lecteurs.

Dans un registre différent, le Spokesman Review a lancé son club de lecture où des personnalités viennent échanger avec les lecteurs lors d’événements en petit comité. Une stratégie permettant également de générer du trafic sur les différents supports, notamment grâce au live Facebook de l’événement, et de renforcer la popularité locale du journal.
Assurer une meilleure transparence autour de l’information
Les médias ayant toujours été utilisés pour façonner l’opinion publique, de nombreux exemples abondent sur des journaux favorisant certains partis politiques, exagérant voire créant des faits pour stimuler le trafic ou la vente de numéros. Des exemples ayant contribué à la détérioration du lien de confiance entre la presse et ses lecteurs, en plus du manque de transparence sur l’utilisation des sources. What’s New in Publishing recommande ainsi de mettre la barre très haute en matière d’éthique et de transparence.
Par exemple, aux Etats-Unis, certaines rédactions ont créé des “labels” pour endiguer ce phénomène. Des étiquettes servant à aiguiller le lecteur sur le contenu qu’il s’apprête à lire en le balisant via différents critères : opinion, analyse, actualité, publi-reportage… L’objectif : renforcer la transparence du contenu final. Cependant, une étude récente du Center for Media Engagement, de l’université d’Austin au Texas, montre que pour être pleinement efficaces, les labels doivent être accompagnés d’autres mesures:
- afficher une courte biographie de l’auteur
- placer des notes en bas de page
- préciser la manière dont l’article a été rédigé
- placer un label de manière visible, en particulier pour différencier les “informations” des “opinions”
- préciser si le média participe au The Trust Project le cas échéant (un consortium international d’organismes de presse)
Cette recherche de qualité et de transparence a pu contribuer à renforcer l’engagement des lecteurs, comme en attestent les exemples du Herald & Review ou du Kansas City Star.