Continuer d’imprimer en temps de crise : pas une évidence pour tous
Par Marion Wyss, le 23 mars 2020
Entre le désertion des annonceurs, les capacités de production des imprimeries, la faillite de Presstalis (qui annonce un revenu 0 sur les ventes au numéro) et les difficultés de fabriquer un journal papier depuis la maison, les raisons pour stopper la diffusion des “print” ne manquent pas. Le point au 24 mars.
L’Equipe Magazine, cessera, d’après une information de la Correspondance de la Presse, d’être distribué avec le quotidien à compter du 11 avril.
Le Nouvel Economiste a lui aussi stoppé sa diffusion papier. Henri Nijdman, patron de l’hebdomadaire l’explique sur la page d’accueil : “La version papier est temporairement suspendue pour des raisons techniques de non faisabilité.”
Presse pro, Livres Hebdo cesse toute parution papier également. On peut lire sur son site : “La parution de l’hebdomadaire sera suspendue. Livres Hebdo a mis en place un dispositif exceptionnel de suivi de l’actualité professionnelle sur son site Internet, relayé par sa newsletter quotidienne et ses comptes sur les réseaux sociaux.”
Jeune Afrique est également contraint de cesser d’imprimer sa version papier. Marwane Ben Yahmed, Directeur de la publication, explique sur le site : “Le dispositif de confinement adopté en France, où se trouve notre siège social, mais aussi dans de nombreux pays africains nous imposent une décision inédite : la suspension, le temps que ces mesures soient levées, de la publication de l’édition papier de Jeune Afrique. Compte tenu des difficultés de réalisation de l’hebdomadaire et de l’impossibilité de l’imprimer ou d’acheminer vers nos lecteurs ses exemplaires, il n’y avait pas d’autre choix. Que nos fidèles lecteurs et nos abonnés se rassurent, ils retrouveront leur journal favori dès que la conjoncture le permettra. Le plus vite possible, nous l’espérons.”
Côté presse de divertissement, Point de Vue ne résiste pas non plus. Dans un communiqué publié sur son compte Instagram, la directrice du magazine Adélaïde de Clermont-Tonnerre annonce la cessation temporaire de l’impression du titre :
D’après La Lettre A, la question se pose aussi chez Prisma (Capital, Femme Actuelle, Géo, Voici…), où les recettes publicitaires s’effondrent.
De l’autre côté de l’Atlantique, l’iconique Playboy cesse d’imprimer son magazine après cette dernière édition printanière, annonce Ben Kohn, CEO de Playboy Enterprises dans leur communiqué publié sur Medium et repéré par Story Jungle.
Certaines imprimeries semblent à la peine. Celle de l’Indépendant (Pas-de-Calais) a fermé ses portes, faisant cesser de fait l’impression du journal. D’après La Croix, “d’autres, comme Maury, vont privilégier les hebdomadaires (L’Express, Le Point, Paris Match…).”
Toujours dans La Croix, le président du directoire du Monde Louis Dreyfus (Le Monde, Télérama, L’Obs, La Vie…) l’affirme « On ne se projette pas du tout dans une perspective où l’on arrêterait d’imprimer ou de distribuer l’une de nos publications ».
A La Voix du Nord, il n’y a pas de difficulté d’impression ou de distribution aujourd’hui. “La seule vraie difficulté c’est la vente au numéro avec des points de vente qui ferment ou une fréquentation qui diminue”, remarque notre interlocuteur.
L’association d’éditeurs WAN-IFRA a tenu un webinar sur la production de journaux où des représentants du groupe de presse Athesis (Nord de l’Italie) et South China Morning Post (Hong-Kong) ont témoigné de leur situation. Pas d’arrêt d’impression à Vérone : “When it comes to printing, we cannot afford to have it stop”, explique Silvio Da Giau, Directeur Technique d’Athesis. L’équipe se prépare même à une situation extrême où l’électricité serait coupée.
A Hong-Kong, les abonnements au print sont même en croissance. Et les revenus publicitaires du papier sont encore majoritaire dans les lignes de revenus, aussi un arrêt semble inenvisageable. Même si, confesse Alice Wong, Chief Production Officer, un plan d’urgence a été écrit, mais reste confidentiel.
Que faire, si malgré tout il faut arrêter d’imprimer dans les jours ou semaines à venir ? Miser sur le numérique, évidemment :
> Pour les éditeurs ayant mis en place une offre premium sur leurs sites et applis, derrière un paywall, maintenir le service aux abonnés est facilité : aiguiller les contenus vers le site, promouvoir les offres numériques, communiquer fortement auprès des abonnés print pour inciter à la connexion web… L’expérience sera “différente”, espérons qu’elle ne soit pas “dégradée”.
> Pour ceux qui n’ont pas encore franchi ce pas-là, les liseuses numériques sont une solution à mettre en avant :

MiLibris, Immanens, Forecomm : ces 3 éditeurs de logiciel de feuilletage permettent aux éditeurs de publier de manière fluide leur journal en version PDF, pour peu qu’il soit encore produit.
D’habitude si peu présent sur le web, même Le Canard Enchaîné a sauté le pas et publié son hebdo dans une liseuse Immanens : https://abonnement.lecanardenchaine.fr/

Et pour les éditeurs qui seraient en capacité d’aiguiller leurs contenus initialement prévus pour le print vers leur site web, notre associé Poool propose son paywall et son accompagnement gratuitement pour aider les éditeurs à créer une offre abonnés numérique en un temps record. Plus d’infos ici : https://share.hsforms.com/1sJJV3L0QRjacyRUbxnMvAA4bozr