Plus que jamais, les médias doivent créer du lien – en virtuel ou en réel – avec leurs lecteurs, notamment pour regagner leur confiance et engager avec eux une relation dans la durée. Sauf que les modalités sont nombreuses et que les modèles traditionnels de la participation s’épuisent. Des chercheurs en Belgique, France et Suisse se penchent sur la manière dont les médias locaux tentent de réinventer la relation à leurs publics.
Le « participatif » n’est pas nouveau et a même plutôt eu le vent en poupe à la fin des années 2000, notamment via les blogs ou des rubriques dédiées. Sans grand succès. Pourtant, la société, l’avènement des réseaux sociaux et l’évolution des usages plaident pour des médias plus horizontaux. Et aujourd’hui, pour fidéliser et engager les abonnés, notamment numériques, il faut offrir une véritable expérience, via – entre autres – le « membership ». Il faut donc innover et repenser cette interaction, bien au-delà du seul aspect éditorial. D’où le projet LINC (Local, News, Innovation, Communauté) de l’Académie du journalisme et des médias (Université de Neufchâtel) dont l’objectif est d’étudier les pratiques et les stratégies des acteurs médiatiques locaux français, belges et suisses vis-à-vis de leurs publics.
Les chercheurs ont choisi les médias locaux car « ce sont, historiquement, les médias de la proximité avec les publics et d’entretien du lien social sur un territoire donné ». « Le local est également perçu, par les géants du numérique, comme un défi important pour leur expansion », ajoutent-ils dans leur analyse. A ce jour (31 mai 2020), ils ont recensé 344 initiatives et ont identifié huit catégories permettant de caractériser l’implication des publics : co-création, consultation, contribution, dialogue, observation, soutien financier, événements, avantages. Car la palette est large : il y a bien sûr le journalisme participatif, mais aussi les évènements ou encore les fonctionnalités techniques (modules de débats/commentaires/forums…), comme l’expliquaient Pierre Laburth, co-fondateur de Logora, lors du Webinar du GESTE : « Quelles expériences digitales additionnelles proposer à son lectorat ? ».
Voici le recensement mis régulièrement à jour :
Source : https://www.unine.ch/ajm/recensement-linc (Projet LINC, AJM, Université de Neuchâtel).
Côté digital, on peut citer l’Avenir.net qui a créé un module interactif pour écrire un article grâce aux histoires de ses abonnés (en l’occurrence sur les modalités de leur trajet domicile-travail) ou, plus récemment, les apéros-visio avec la rédaction de Rue89 Strasbourg pour parler de leur traitement médiatique de la crise sanitaire, expliquer l’impact de la crise sur le fonctionnement du média et répondre aux questions des participants. A souligner également, Nice-Matin qui, fin 2018, a consulté ses lecteurs sur la refonte de leur site web. Dernièrement, le journal a également créé un formulaire pour recueillir et publier un livre d’or de soutien aux « blouses blanches » pendant la crise sanitaire de coronavirus.
De quoi réfléchir et s’inspirer pour créer de nouveaux modèles, notamment hors des médias locaux où il y a encore beaucoup à faire. Quoi qu’il en soit, attention à ne pas sombrer dans la participation fictive ou profitable et à bien proposer une interaction authentique et cohérente avec la proposition de valeur.